mardi 18 septembre 2018

Le Robinson en ville s'est arrêté pendant quatre ans, entre novembre 2014 et aujourd'hui.
Pourquoi si longtemps ? J'aurais du mal à retrouver l'état d'esprit de l'abandon d'alors, mais je peux énumérer des causes probables, des raisons possibles : épuisé par un chômage têtu, je venais d'être quitté par la mère de mes enfants, et me trouvais seulement, à force de vivre sous tension, à quelques mois de tomber dans une dépression brutale, noire, qui avalerait tout. Voilà pour l'état du bonhomme qui aurait pu écrire mais qui n'a pas pu.
Et puis la vie cul par-dessus tête, le logement qu'il faut trouver quand on n'a pas de salaire, les enfants une semaine sur deux, les amis qu'on perd et ceux que l'on rencontre, c'était beaucoup. Si j'avais pu, j'aurais tenu sur le vif un journal du désastre et de la renaissance, mais il se trouve que justement, le désastre et la renaissance touchaient à l'écriture en l'empêchant. La vie tout entière brûlée dans l'enfilade des instants, une cacophonie sans médiation écrite.
Et puis, quand bien même, si j'avais pu écrire... Le Robinson bavardait depuis sept ans déjà, sept années pleines de babil quotidien, une corvée minuscule derrière laquelle je courais sans cesse, toujours en retard, des notes prises sur des bouts de papier, sur une enveloppe, sur un téléphone, des fragments qu'il fallait recopier en changeant tout la plupart du temps, par grosses bordées de quinze jours, parfois un mois entier rattrapé en une fois, avec les photos à trier, à redimensionner, les balises et les liens, l'upload et ses erreurs, les mots de passe oubliés, la routine du chaos plus ou moins maîtrisé. Sept ans de retard chronique, c'était beaucoup.
Alors, dans le chambardement du divorce, dans l'assèchement du chômage, à compter l'argent qui n'était pas là, et finalement avec la santé qui a foutu le camp, et avec elle la tête et toute la réalité dérobée sous les pieds comme un tapis volant, comprenez bien que la petite tâche continue — si je n'écrivais pas au moins j'y pensais — est vite passée à l'as. Écrire ne manquait pas, voilà la vérité.
Alors, pourquoi y revenir ? Deux raisons, et les deux sont politiques.
La première est de l'ordre des idées : au milieu de la transformation profonde et continue du champ politique, j'ai besoin de fixer l'état des choses, pour tenter de le comprendre un peu. Et qui sait, distribuer aux autres les armes que je trouve.
La deuxième est de l'ordre de l'action directe : il faut se remettre à écrire pour ressusciter le web.
Ce constat n'est pas délirant, et d'ailleurs il n'est pas de moi, je l'ai lu entre les lignes dans le récent texte de Calimaq ou dans les articles de l'association pour laquelle je travaille : les GAFAM ont délibérément réduit le web à quelques énormes silos dans lesquels nous sommes enfermés pour leur unique profit — ils s'enrichissent en dollars et nous nous en appauvrissons en libertés et en savoirs — et pour sortir de leur emprise profonde nous devons, volontairement, relabourer le web que nous avons bêtement laissé en friche.
Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire ? Je parle de ce qui m'arrive : je passe un temps fou sur Twitter, à sauter d'une idée à l'autre dans un rythme inférieur à la seconde, c'est de la lecture à 120 bpm, le cerveau frénétique s'exaspère de tout ce qui dure plus d'une minute, on sait pourtant pour l'avoir lu partout que les réseaux sociaux nous droguent à la dopamine et nous retiennent en nous injectant des microdoses à coups de likes et de notifications, ces plateformes ont hacké nos cervelles, ni plus ni moins. J'ai quitté Facebook parce que la concurrence des narcissismes m'avait sauté aux yeux, mais sur Twitter ce n'est guère mieux, on s'épuise, en indignations lapidaires et en jugements éphémères, on sautille, on croit comprendre mais on n'avance pas, on s'enfonce, on s'enkyste dans une glissade sans matière, on s'isole quand on croit se relier.
C'était mieux avant ? Non, c'était différent, et d'alleurs ce n'est pas un avant, c'est un présent qu'on néglige, la possibilité d'un présent qui s'opposerait à la succession des instants. Je ne suis pas à l'aise avec les concepts de la philosophie, mais il s'agit bien de retrouver une durée.
Avant (mais avant quoi ?), je lisais des blogs. C'est-à-dire que chaque matin, à l'heure du premier café, les réseaux sociaux me renvoyaient à la lecture des textes écrits par chacun, chaque jour ou presque. Et je passais moins de temps sans doute sur la plateforme, et plus de temps sur les sites personnels. Je lisais. Tout n'était pas bon, mais au moins je lisais. Et les textes conduisaient à d'autres textes, et à d'autres sites, et on téléchargeait ce que d'autres avaient conseillé. On se cultivait les uns les autres. On se civilisait. On construisait des argumentaires politiques en se lisant les uns les autres, et en se répondant. Et chaque jour ou presque j'écrivais, même une phrase ou deux, et le temps au lieu de filer s'accumulait, même de presque rien, comme le calcaire sur la pointe de la stalagmite. Et rien n'était centralisé, on était chacun pour les autres un petit centre qui renvoyait à d'autres.
La liste de liens, à gauche de cette page, était à jour. Elle avait valeur de conseil, ou de constellation dans laquelle on voyait au premier coup d'oeil que le Robinson voulait s'inscrire, ou tout simplement s'inscrivait, de fait, par affinité. Aujourd'hui, je ne suis pas sûr que la moitié de ces liens ne mènent pas à rien, ou à des pages aussi vides que celle du Robinson.
Alors je n'imagine pas que cela reviendra. Il ne s'agit absolument pas d'une nostalgie. En revanche j'ai besoin de revenir ici, de dépoussiérer cette liste, de la mettre à jour avec les sites où se produit le présent, et d'écrire dans le web autre chose que des tweets. J'ai besoin de reprendre mes petites balises HTML, aussi désuètes qu'elles sont, pour ne plus être l'utilisateur d'Internet que je suis devenu, passif et piloté, coincé entre Twitter et Netfix, mais devenir à ma petite échelle un de ceux qui le construisent, atome après atome, jour après jour, dans la nécessité du quotidien.
La discipline sera légère : je renonce au billet quotidien, par réalisme, et parce que d'autres chantiers ont besoin de ce temps-là. Mais c'est ici que je viendrai noter les idées qui passent avant que la seconde d'après les emporte.
Ceux qui peuvent plus feront plus, dessineront des formes nouvelles, participeront à des projets en code libre, construiront les outils décentralisés que nous n'imaginons pas encore, et nous permettront de sortir en pratique de la taule des capitalistes, dans cet espace et dans l'autre, qui est aussi le même. Moi, pour l'heure, je ressuscite le Robinson en ville, et c'est déjà pas mal.

samedi 22 septembre 2018

Journée parfaite celle qui commence avant la sonnerie du réveil, dans la lumière qui n'a pas encore fini de sécher (par la fenêtre ouverte on photographie le feu dans l'eau), puis on est embrassé dans le goût du premier café, puis on allume l'ordinateur pour écrire un peu, on rouvre la cabane pour la première fois depuis quatre ans et c'est comme retourner à la piscine, le plaisir est intact même si l'eau est froide, puis on sort, on prend le métro pour aller récupérer le vélo cassé qui est resté au travail à l'autre bout de la grande ville et le rouler jusque chez le réparateur du boulevard de Magenta, pendant que l'homme habile travaille on va boire un long café à une terrasse de bistrot, on regarde les gens qui sont en congé hebdomadaire parce que des luttes sociales l'ont arraché aux possédants, puis on marche jusqu'à la place de la République où le ciel est redevenu uniformément gris (on photographie le ciel au-dessus de la République au rameau levé), et sur la grande place trois événements populaires se touchent, à gauche un groupe de personnes très majoritairement noires se rassemblent autour d'un homme qui demande très fort dans un micro la liberté pour Laurent Gbagbo, au centre une quinzaine de tentes abritent des stands de nourriture à l'occasion d'une "Veggie Pride", et à droite, c'est là qu'on s'arrête, une petite foule de deux ou trois cent personnes sourdes, et qui signent avec animation dans un très grand silence, c'est très beau et on n'ose pas les filmer alors que c'est évidemment du cinéma brut, puis on retourne chez le réparateur de vélos et en regardant l'heure on casse l'écran de son téléphone qui devient aveugle et muet comme une brique, mais on rentre chez soi en pédalant avec joie le long des longs boulevards, il passe quelques gouttes dans les rafales de vent, la nuit tombe tôt, c'était le dernier jour de l'été.


dimanche 23 septembre 2018

Au réveil, vers sept heures, le ciel était somptueux par la fenêtre de la cuisine : tout un échafaudage de nuages blancs et gris, comme une énorme perruque de Louis XIV, à travers quoi le soleil levant lançait des flèches et des plaques d'or, en sculpteur fou. Mais comme le téléphone de poche est cassé, aucune photo, il faut l'imaginer sans rien voir.
Plus tard je vais au marché avec Le Grand Meaulnes dans la poche, car ce livre est depuis mes douze ans synonyme de l'automne et que c'est aujourd'hui le premier jour de l'automne et qu'il faut le saluer dans les formes. Avec mon sac rempli de légumes je m'installe donc au café, à l'intérieur parce que le vent sur la terrasse est trop frais, au comptoir les habitués rigolent et toussent, et pendant qu'ils font du bruit joyeux je lis, en buvant un café long, très chaud, très noir.

    Nous sortîmes par la porte de la cuisine et nous allâmes au préau, que l'obscurité envahissait déjà. À la lueur de la fin du jour, je regardais, en marchant, sa face anguleuse au nez droit, à la lèvre duvetée.
    « Tiens, dit-il, j'ai trouvé ça, dans ton grenier. Tu n'y avais donc jamais regardé. »
    Il tenait à la main une petite roue en bois noirci ; un cordon de fusées déchiquetées courait tout autour ; ç'avait dû être le soleil ou la lune au feu d'artifice du Quatorze Juillet.
    « Il y en a deux qui ne sont pas parties : nous allons toujours les allumer », dit-il d'un ton tranquille et de l'air de quelqu'un qui espère bien trouver mieux par la suite.
    Il jeta son chapeau par terre et je vis qu'il avait les cheveux complètement ras comme un paysan. Il me montra les deux fusées avec leurs bouts de mèche en papier que la flamme avait coupés, noircis, puis abandonnés. Il planta dans le sable le moyeu de la roue, tira de sa poche — à mon grand étonnement, car cela nous était formellement interdit — une boîte d'allumettes. Se baissant avec précaution, il mit le feu à la mèche. Puis, me prenant par la main, il m'entraîna vivement en arrière.
    Un instant après, ma mère qui sortait sur le pas de la porte, avec la mère de Meaulnes, vit jaillir sous le préau, avec un bruit de soufflet, deux gerbes d'étoiles rouges et blanches ; et elle put m'apercevoir, l'espace d'une seconde, dressé dans la lueur magique, tenant par la main le grand gars nouveau venu et ne bronchant pas...
    Cette fois encore elle n'osa rien dire.
    Et le soir, au dîner, il y eut, à la table de famille, un compagnon silencieux, qui mangeait, la tête basse, sans se soucier de nos trois regards fixés sur lui.

C'est en le recopiant que je me rends compte à quel point c'est parfait, bancal en apparence et en réalité totalement tenu, gonflé de non-dits, plein de terreur et d'admiration, comme l'enfance brute.
L'après-midi un heure d'absence qui me tombe dessus alors que j'essayais de lire, sommeil brusque et sans rêve. Je me réveille comme un automate et me retrouve au marché Saint-Pierre, avec l'idée qu'il me faut deux mètres carrés de tissu rouge pour un drapeau. Évidemment c'est dimanche, le marché est fermé, il n'y a rien que les bazars à touristes, des parapluies, des capes de pluie, des t-shirts "I coeur Paris".
Alors je retourne à pied, par-dessus la butte Montmartre, et en chemin j'ai au moins vingt fois envie de photographier ce que je vois, mais sans téléphone de poche dans la poche c'est impossible, et c'est une frustration. Alors je ramasse un marron verni, une feuille rouge, et me fais des reproches : je ne sais plus vivre sans la médiation mentale de ce que je vais faire de l'instant, une image ou une phrase, dans l'excitation de raconter, de poster, au lieu d'y être simplement. Et puis en bon jésuite de mes tares, je m'explique que c'est très bien au contraire, qu'on ne peut tirer le sens ou la beauté de l'instant qu'en faisant ce travail de le mettre en forme pour le donner aux autres, et que, etc.
J'arrive dans ma banlieue nord sans avoir conclu, mais finalement très heureux de cette journée sans téléphone de poche dans la poche, et sans photos, car la beauté des ciels et des rues pleines de lumière humide était augmentée pour une fois, non par le plaisir de la saisir, mais par celui de la laisser filer, et de l'avoir vue, oui, juste au moment où elle s'offrait.
Mais franchement quel dommage, de n'avoir pas pris de photos, parce que rue de la Bonne sur les pavés, au milieu d'un cercle de touristes anglais étonnés, il y avait une grosse poule beige qui marchait en levant les pattes très haut.


lundi 24 septembre 2018

Encore beaucoup de temps perdu sur Twitter, mais heureusement il existe des raisons de se réjouir d'y être passé. Par exemple, aujourd'hui je tombe sur le compte d'un « ingénieur en sûreté nucléaire ». Il est cassant, il est méprisant, et il parle des écolos comme les médecins de Twitter parlent des homéopathes. Il passe beaucoup de temps à répondre à des argumentaires, mais non en politique : en physicien, en ingénieur, qui veut donner des réponses rationelles à des craintes confuses.
Ses arguments scientifiques ont évidemment un poids parfait. Et il joue sur du velours quand il met en avant la production carbone, nulle, de la centrale nucléaire. Il explique aussi en détail la grande stabilité de la production électrique d'une centrale nucléaire, par opposition aux à-coups de l'énergie éolienne ou solaire.
Mais je ne l'ai pas encore lu au sujet des problèmes du stockage des déchets radioactifs à longue période (j'imagine qu'un ingénieur ne pourra que démontrer que tout a été mûrement réfléchi, et largement anticipé). Je ne l'ai pas encore lu non plus au sujet des accidents possibles (mais cela ne saurait tarder, je suppose qu'un ingénieur en sûreté nucléaire ne peut qu'aborder le sujet régulièrement). Et je ne l'ai pas lu à propos des conséquences d'un accident majeur.
La catastrophe nucléaire n'est pas facile à relativiser. Quand elle arrive, elle est totale. Elle chasse les habitants des terres, elle obère l'existence humaine, elle tue.
Je suis d'une génération qui a vécu l'accident de Tchernobyl. Qui sait la modification de substance que l'événement a introduite dans l'air qu'on respire, et dans la substace intime de la pensée. Je crois que Paul Veyne a écrit quelque part que les Romains ne voyaient pas le ciel du même bleu que nous. Le ciel n'est plus du même bleu quand il est radioactif.
Une génération qui a regardé les champignons et les bouteilles de lait de travers, en pensant au crépitement des compteurs Geiger. Qui a lu La Supplication. Qui a lu beaucoup de livres sur Hiroshima, et Nagazaki, sur l'entrée mortelle de l'humanité dans le monde de l'homme atomique. Qui a vu des documentaires sur Three Miles Island. Qui a grandi dans la crainte de la catastrophe nucléaire, militaire ou civile. Et qui a vu Fukushima.
À Three Mile Island, à Tchernobyl, à Fukushima, il y avait des ingénieurs en sûreté nucléaire.
À Los Alamos il y avait d'excellents ingénieurs, les meilleurs de leur temps.
Alors oui, il faut resserrer l'exigence. Je continuerai de lire le monsieur avec beaucoup d'attention.


mardi 25 septembre 2018

On connaît L'Origine du monde, le tableau de Gustave Courbet, celui que Jacques Lacan planquait pour mieux le montrer, la Joconde du musée d'Orsay.
Évidemment impossible de le regarder calmement, à chaque fois que je l'ai vu. La gêne, les regards des autres visiteurs, cette mine hypocrite qu'on a tous, cul pincé et bouche pincée, le souffle retenu, avec soi-disant le même détachement ou la même attention artiste que pour n'importe quel autre tableau, c'est très drôle. La vérité c'est que le tableau vient de très loin, très vite et très fort, et qu'on est ridicule quand on croit se dérober à sa puissance. Ce sexe est absolu.
Or donc, on apprend aujourd'hui que la dame inconnue qui a posé pour le peintre porte un nom. Ce beau sexe est attribué à Mademoiselle Constance Queniaux, qui était la maîtresse du commanditaire du tableau. Les articles qui en parlent satisfont aussitôt la pulsion première du lecteur : ils donnent le portrait de la danseuse. Cette chatte sourit.
C'est ce qui m'a arrêté : pourquoi veut-on aussitôt voir le visage de celle dont on a vu le sexe ? Qu'attend-on quand on veur voir le visage du sexe ? L'image sera-t-elle plus pornographique, ou plus satisfaisante, parce qu'on voit le visage de celle ou de celui qui jouissent ?
La pornographie ne serait pas un sexe, ce serait un visage à côté d'un sexe. Mais là, ça ne marche pas. Le sexe sans visage était un gouffre. Il a un visage et cela le rend domestique, il y a une odeur de soupe et de gilet de laine comme la cuisine dans Le Grand Meaulnes.
André Gunthert le dit très bien : « Comme celui de toute Vénus, l'anonymat était la condition de la sublimité de l'Origine du monde. Depuis la découverte de l'identité d'un modèle traité comme un bien meuble par son propriétaire, le tableau de Courbet n'est plus qu'une célébration des laideurs du patriarcat ». Et encore : « L'identification de Mlle Quéniaux change notre regard sur le spectacle de cette intimité exposée, qui redevient le trophée qu'on s'échange entre mâles, dans les rires de l'après-dîner ».
Pour voir le tableau comme avant, il faudra donc oublier le visage. Non seulement sa ressemblance, mais jusqu'à son existence. Est-ce qu'on sait faire ça ?


mercredi 26 septembre 2018

Dès le petit matin, encore assis devant le mug de café censé réveiller le travailleur avec son amertume et sa chaleur, j'en apprends une bonne : au coeur de Jupiter, sous l'effet de la température et de la pression, l'hydrogène serait métallique.
D'abord ceci :

    « L'hydrogène est le principal constituant du Soleil et de la plupart des étoiles (dont l'énergie provient de la fusion thermonucléaire de cet hydrogène), et de la matière interstellaire ou intergalactique. C'est un composant majeur des planètes géantes, sous forme métallique au cœur de Jupiter et de Saturne, et sous la forme de dihydrogène solide, liquide ou gazeux dans leurs couches plus externes et dans les autres planètes géantes. Sur Terre il est surtout présent à l'état d'eau liquide, solide (glace) ou gazeuse (vapeur d'eau), mais il se trouve aussi dans les émanations de certains volcans sous forme H2 et de méthane CH4. »

Puis ceci :

    « L'hydrogène métallique est une phase hypothétique de l'hydrogène qui survient lorsqu'il est soumis à une très forte pression. C'est un exemple de matière dégénérée. Il est estimé qu'il y a un intervalle de pressions (autour de 400 GPa) tel que l'hydrogène métallique est liquide, même à de très basses températures.
    L'hydrogène métallique consiste en un treillis de noyaux atomiques, des protons, dont l'espacement est significativement plus petit que le rayon de Bohr. En effet, l'espacement est davantage comparable à une longueur d'onde d'électron (voir hypothèse de De Broglie). Ces électrons ne sont pas liés et se comportent donc comme les électrons d'un métal conducteur.
    L'hydrogène métallique pourrait présenter des transitions de phase en présence d'un champ magnétique, passant d'un état supraconducteur à un état superfluide et vice versa. »

J'allais en lire un peu plus sur la matière dégénérée, mais les enfants ont requis mon attention et j'ai dû passer à autre chose, répondre à une question, trouver un vêtement ou signer un carnet de correspondance.
La matinée passe vite, je travaille à la maison pendant que les gars sont au lycée, puis le petit rentre pour déjeuner, son frère reste en cours jusqu'à quatre heures.
Quand il a fini son travail et moi le mien, on va au square d'en face avec les raquettes de badminton et le volant dans la main. On joue deux heures, sauf le moment où on laisse les raquettes aux gamins qui nous regardaient jouer, le soleil est encore un peu là, puis l'ombre fraîche, mais comme on a chaud c'est parfait. On rentre avec de grands sourires et l'impression vague que c'était le dernier beau jour de l'année. Le soir on regarde Pour une poignée de dollars et je trouve que le film a vieilli, parce que les enfants voient mieux que moi ce qui date dans l'esthétique du film, et me le montrent : les dialogues post-synchronisés, les couleurs, le jeu expressionniste des méchants, le tempo. Cours d'histoire de l'art en direct.


jeudi 27 septembre 2018

Un collègue parle sur un réseau social des problèmes de la structure dans laquelle nous travaillons, et de leur violence sur lui. Rien à redire, d'autant moins qu'il exprime des choses qu'il a plusieurs fois dites en privé. Mais aussitôt des fielleux s'en emparent, détournent, instrumentalisent, tout à leurs petits calculs, et n'aident en rien — ni lui, ni la structure. Leçon.


vendredi 28 septembre 2018

En passant rue Saint-Denis pour le travail, et traversant la rue Blondel, je constate que je ne sais pas croiser le regard d'une prostituée. La gêne, le sourire expédié, bonne journée. Cette relation-là est entièrement sortie de l'éducation des hommes de ma génération, les rares qui savent ont appris par eux-mêmes. (Par ailleurs je n'ai aucune position arrêtée sur la question de la prostitution, et reste la plupart du temps sceptique sur les idées de la dernière personne qui a parlé.)


samedi 29 septembre 2018

Journée d'assemblée générale, pleine d'appréhensions, et finalement réussie, parce que les choses difficiles qui devaient être dites le furent. On avance en groupe, quoi de mieux ?
Le soir, blotti sur le canapé entre les deux fistons, La mort aux trousses.


dimanche 30 septembre 2018

Deuxième journée d'assemblée générale, et dernier jour de septembre, et ce temps gris, froid, humide, ce petit vent aigre, comme si on allait en prendre pour six mois. On en sort lessivés, mais heureux : on a bien travaillé, on peut être fiers. Le soir je me reconnecte à nos lieux d'échange en ligne, comme si rompre le groupe était difficile.
Puis je tombe dans le sommeil comme une pierre.


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